Cet article par la sénatrice Mary Jane McCallum a été publié pour la première fois en anglais dans The Hill Times le 11 juin 2018.

La modernisation du Sénat est un processus continu qui ne se fera pas du jour au lendemain. Il ne se fera pas sans peine non plus, mais je crois réellement que le produit final sera dans l’intérêt des Canadiens. Dans le cadre cette modernisation, je crois qu’il serait préférable pour le Sénat de fonctionner en qualité d’organe indépendant, au lieu d’être de facto une seconde Chambre des communes où on s’attend à ce que les membres respectent la ligne de parti.

J’ai trouvé décevantes et blessantes les remarques faites récemment par des sénateurs conservateurs sur la modernisation du Sénat. Certains collègues estimeraient que le Groupe des sénateurs indépendants (GSI) et ses membres manquent d’autonomie et de légitimité.

Durant un débat au Sénat, un de mes collègues conservateurs a dit dernièrement que les sénateurs nommés à titre d’indépendants par le premier ministre Trudeau se font maintenant dire par le même premier ministre « que leur indépendance comporte des limites ». À la lumière de ces commentaires, il me paraît important d’affirmer sans équivoque que mon indépendance ne comporte aucune limite. Personne ne m’a dit, ordonné ou suggéré de voter d’une certaine manière sur quelque question que ce soit devant le Sénat ou un comité. En ma qualité de sénatrice non partisane, j’ai la liberté et l’indépendance d’approcher chaque sujet devant le Sénat avec un esprit ouvert. Je vote selon les témoignages entendus, l’information recueillie dans mes recherches et les délibérations du Sénat et des comités.

Concernant la partisanerie, une sénatrice conservatrice à la retraite depuis peu a dit en entrevue que « les candidats au poste de sénateurs devraient avoir une affinité naturelle avec la politique – et non être considérés comme neutres. J’ai peine à imaginer qu’on veuille nommer des sénateurs qui n’ont jamais fait de politique. Ils ont passé toute leur vie la tête cachée dans le sable. »

Je trouve ces commentaires particulièrement décourageants, car ils dépeignent les sénateurs qui ont travaillé dans d’autres milieux que la politique comme étant inaptes ou incapables de bien exercer leurs fonctions sénatoriales. En réalité, le Sénat est une institution qui célèbre et valorise les personnes venant de milieux éclectiques. Cette grande variété de points de vue favorise un débat équilibré et entier et permet d’entendre une grande quantité d’opinions sur d’innombrables questions.

La nomination à la Chambre haute de sénateurs qui n’ont pas d’expérience politique devrait être encouragée et applaudie, au lieu d’être simplement discréditée. On pourrait même dire que les sénateurs issus d’autres milieux que la politique sont plus connectés avec le Canadien moyen.

Ces sénateurs – dont moi-même – n’ont pas gardé « la tête cachée dans le sable », mais ont plutôt acquis toute leur vie des expériences et une expertise uniques dont ils font profiter le Sénat une fois nommés.

Cette même ancienne collègue a également indiqué que le Sénat est « comme un groupe de réflexion », ce sur quoi je suis entièrement d’accord. À ce propos, il importe de noter que les groupes de réflexion fonctionnent mieux quand une multitude d’opinions et de points de vue sont présentés, discutés, débattus et examinés. Puisqu’une des fonctions principales du Sénat consiste à poser un second regard objectif sur les projets de loi qui nous sont soumis, les sénateurs doivent être en mesure d’aborder n’importe quel sujet avec un esprit ouvert pour agir – et voter – dans l’intérêt des Canadiens. Je suis fière de dire qu’à titre de sénatrice indépendante, je jouis de cette liberté depuis ma nomination.

La modernisation du Sénat est importante pour s’assurer que notre auguste Chambre continue de maintenir la confiance de ceux que nous représentons – les Canadiens. Pour ma part, je suis enthousiaste de poursuivre mes efforts dans mon rôle de sénatrice non partisane et indépendante.