Biographie
Sénateur Peter Harder
Le premier à être nommé représentant du gouvernement au Sénat, le sénateur Peter Harder faisait les champions du travail de renouvellement dans cette institution en évolution, pendant son mandat d’avril 2016 à janvier 2020.
Au printemps 2015, le sénateur Harder a reçu un appel d’une personne lui demandant conseil. En tant qu’ancien haut fonctionnaire et membre du personnel politique à une certaine époque, le sénateur cumulait plus de trois décennies d’expertise en politique et dans la fonction publique. Même s’il avait quitté le secteur public neuf ans auparavant, on lui demandait encore régulièrement son avis. Cette fois-ci, la personne qui lui demandait conseil était le premier ministre Justin Trudeau, qui était chef du Parti libéral à l’époque, et qui formait alors le troisième parti à la Chambre des communes.
« Nous avons eu une excellente conversation sur la politique étrangère et le gouvernement, dit le sénateur Harder, en minimisant son rôle. Le premier ministre Trudeau a posé de très bonnes questions, mais il a aussi écouté. »
Plusieurs semaines plus tard, le sénateur Harder recevait une autre demande : pouvait-il participer à la planification de la transition, dans l’éventualité où il y aurait un nouveau gouvernement?
« J’ai passé l’été à y réfléchir, se rappelle le sénateur. À mesure que la possibilité d’un nouveau gouvernement se concrétisait, j’ai eu plusieurs conversations, j’ai recueilli des documents et je me suis rendu à Montréal pour la soirée des élections. J’ai rencontré le premier ministre désigné à neuf heures le lendemain matin pour notre première réunion. » Le processus de transition qui a suivi a été intensif, mais sans heurts.
Puis, dès que cela a été terminé, aussi vite que cela avait commencé, le sénateur Harder est retourné à sa vie normale auprès de sa conjointe, Molly, de son fils, Andrew, un fonctionnaire du service extérieur, ainsi qu’à ses activités à titre de conseiller en politiques pour un cabinet d’avocats international, de membre de nombreux conseils d’administration et de président du Conseil commercial Canada-Chine. Il a rapidement découvert, cependant, qu’il ne quitterait pas la fonction publique d’Ottawa pour longtemps.
Peu après, il a reçu un autre appel. Le sénateur Harder a appris qu’il avait été nommé au Sénat par l’Institut de recherche en politiques publiques. Souhaitait-il accepter un nouveau poste clé? Le rôle en question était crucial pour l’avenir du Sénat, à un moment où l’institution était confrontée à des défis de taille : non seulement y avait-il eu le scandale des dépenses, mais aussi une décision de la Cour suprême avait été rendue en 2014 et présentait des exigences constitutionnelles considérables en vue de transformer le Sénat, notamment l’idée de limiter la durée des mandats ou de l’abolir complètement. « Le premier ministre avait fait campagne sur la nécessité de réformer le Sénat, et non sur la question de l’abolir ou d’en faire fi, se souvient le sénateur Harder. Bien avant que j’entre dans le décor, il avait entrepris de séparer son caucus national du caucus libéral du Sénat. » Il partageait la croyance du premier ministre Trudeau en une réforme réaliste.
En 2016, le sénateur Harder se joint à la Chambre haute dans le nouveau rôle de représentant du gouvernement au Sénat. Lorsqu’il siégeait comme indépendant, il était le premier point de contact entre le Gouvernement et le Sénat, et il aidait à piloter les discussions portant sur les projets de loi du gouvernement parmi les sénateurs. Il était également le principal promoteur d’une série de politiques de modernisation visant à créer une chambre plus indépendante, responsable, transparente et moins partisane. Depuis sa nomination, une plus grande indépendance a été acquise de plusieurs façons, surtout dans la relation institutionnelle entre le Sénat et d’autres secteurs du gouvernement, la Chambre des communes et le Cabinet du premier ministre.
« La tâche consiste non seulement à réinventer l’institution de façon à respecter ses traditions et ses membres, mais également à introduire de nouvelles procédures, règles et attentes au fil du temps. Il s’agissait d’un engagement respectueux à l’égard du changement. »
Au cours de la 42e législature, le Sénat a modifié un tiers des projets de loi du gouvernement, et amélioré les résultats des politiques appartenant à une gamme variée de domaines pour les Canadiens, jouant son rôle d’organisme complémentaire d’examen.
Le sénateur Harder attribue au Sénat entier tout le mérite pour l’aperçu important sur les projets de loi du gouvernement, dont l’examen et les observations critiques, pendant cette période de profonde transformation. « En bout de ligne, nous avons exercé notre responsabilité comme chambre de réflexion et de second examen objectif » a dit le sénateur Harder. « Nous avons fait cela d’une façon qui fasse honneur à l’institution et à ses membres. L’époque de la chambre d’écho partisane n’existe plus, et nous ne devrions pas y retourner. »
Pendant son mandat comme représentant du gouvernement, le sénateur a publié de nombreux documents d’orientation et de travail, dont un document volumineux portant sur le rôle du Sénat, intitulé La complémentarité : Le rôle constitutionnel du Sénat du Canada. Dans celui-ci, le sénateur décrit comment le Sénat complémente la Chambre des communes mieux qu’avant, soulignant que le Sénat ne fait plus d’approbation automatique en ce qui concerne les projets de loi du gouvernement, et qu’il fait son travail sans rivaliser les élus du peuple.
La mise en œuvre des ambitions relatives au renouvellement du Sénat est un prolongement naturel d’une carrière variée dans la fonction publique. À la fin des années 1980, le sénateur Harder se portait à la défense des nouveaux arrivants au Canada en tant que tout premier secrétaire général de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. Il descend d’immigrants mennonites ukrainiens dont la famille s’est installée à Arnaud, au Manitoba, un village près de Winnipeg. « Mon père était un enseignant qui gérait l’épicerie locale de son beau-père de l’époque. Son épouse était décédée. Il avait trois jeunes enfants. Il a envoyé une lettre à une femme que son frère lui avait recommandée. Ils ont commencé à correspondre, et il a épousé ma mère. » La famille s’est agrandie, accueillant deux autres garçons, dont le sénateur Harder, qui n’avait que huit mois quand la famille a déménagé d’Arnaud à Vineland, en Ontario, une collectivité agricole où la famille a une fois de plus tenu une épicerie.
Le jeune sénateur Harder a travaillé au magasin pendant son enfance, jusqu’à ce que les Harder vendent l’entreprise. Il est allé à l’Université de Waterloo, où il a étudié en sciences politiques. Pendant les congés, il travaillait dans la construction à Vineland à couler du béton. Il a déménagé à Ottawa pour travailler comme stagiaire parlementaire et a fait ses études supérieures à l’Université Queen’s, à Kingston, en Ontario. Comme il parlait français et allemand, il a obtenu un poste au service extérieur, en 1977, et se tenait prêt pour une affectation à Cuba. Mais il ne s’est jamais rendu à La Havane – il est plutôt entré au service de la formidable Flora MacDonald, la ministre des Affaires étrangères de l’époque. Le sénateur Harder a ensuite occupé les fonctions de chef de cabinet pour Joe Clark lorsqu’il était chef de l’opposition, puis pour Erik Nielsen, qui était alors vice-premier ministre du premier gouvernement de Brian Mulroney.
Au cours de sa carrière, le sénateur Harder a pris part à des discussions et à des décisions politiques clés. Il était adjoint de la ministre MacDonald lors de l’arrivée des réfugiés vietnamiens et a prêté main-forte à l’importante logistique nécessaire à l’accueil de 60 000 réfugiés au Canada.
Son histoire personnelle y trouve un écho. « Mes deux parents sont arrivés en tant que réfugiés dans les années 1920, dit-il. Leur histoire n’était pas très différente du fait qu’eux aussi ont été déplacés et ont perdu tout ce qu’ils avaient. Mon père avait 14 ans. Les membres de la famille du côté de ma mère étaient arrivés un mois plus tôt, en même temps que la Grande Dépression. »
Le grand-père maternel du sénateur Harder avait la soixantaine quand il est arrivé et il avait dû abandonner une grande exploitation agricole. Dans le sud‑ouest de l’Ontario, il a travaillé comme fermier.
« Ma mère a travaillé dans une usine de Heinz de l’âge de 16 ans à 29 ans », souligne le sénateur, ajoutant que cette dernière était ensuite retournée terminer ses études, qu’elle avait quittées en neuvième année, et avait fini par devenir enseignante.
Des décennies plus tard, le sénateur Harder a contribué à bâtir la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, qui partait de zéro, et l’organisme a mis en place un nouveau processus permettant aux réfugiés de se faire entendre et d’être admis en tant que Canadiens. C’étaient des moments fondateurs – la genèse d’une institution importante. On y trouve le même esprit que celui qui transforme le Sénat aujourd’hui, celui de bâtisseur d’avenir.
Après avoir démissionné de son poste de représentant du gouvernement en janvier 2020, le sénateur Harder continue à promouvoir une Chambre haute plus indépendante et moins partisane comme sénateur indépendant qui dessert l’Ontario.
« Les antécédents du Sénat nous permettent d’être optimistes quant à l’avenir de l’institution, après quatre ans sous le nouveau modèle indépendant. J’espère que le Sénat pourra continuer à s’appuyer sur ses réformes, au service des Canadiens. »
Le sénateur Peter Harder a été représentant du gouvernement entre avril 2016 et janvier 2020.