Nouvelles
Le Sénat tient un débat d’urgence sur le racisme
Plus de 20 sénateurs ont participé au débat.
Les sénateurs ont reconnu le racisme systémique de longue date au Canada au cours d’un débat d’urgence jeudi et se sont engagés à poursuivre sur la lancée du mouvement en faveur de l’égalité.
Ce débat de quatre heures a été organisé à la demande de la sénatrice Rosemary Moodie, qui a fait part de son expérience de femme noire au Canada.
La sénatrice Raymonde Gagné, coordonnatrice législative du représentant du gouvernement au Sénat, a parlé de l’ampleur et de la portée inspirantes des protestations mondiales, et a insisté sur le fait que nous devons saisir l’occasion.
« Au fil des ans, on a pu voir les réactions aux rapports faisant état d’injustices ou de violences à l’égard des minorités visibles et des personnes racialisées. Les gens sont toujours outrés. On condamne toujours de tels gestes. On procède à des enquêtes et on publie des rapports. Malheureusement, il ne ressort pas grand-chose de tout cela.
La situation actuelle est manifestement différente. Toutes les conditions ont été réunies pour provoquer une étincelle dans la conscience humaine. Il ne suffit plus de présenter ses condoléances, de prétendre faire preuve d’empathie et de prononcer de beaux discours au sujet d’un problème endémique. Il ne suffit plus de promettre de modifier les services de police, les pratiques d’embauche ou les critères d’admission dans les écoles. Il ne suffit plus de modifier les lois visant à assurer l’inclusion et de publier ad nauseam des rapports proposant des recommandations qui sont louangées, puis rapidement tablettées. »
La sénatrice Patti LaBoucane-Benson, une sénatrice métisse de l’Alberta, originaire du territoire visé par le Traité n° 6 et agente de liaison du gouvernement au Sénat, a fait part de son expérience en matière de formation des prestataires de services communautaires, des juges, des procureurs de la Couronne et des dirigeants pour aider à éclaircir le droit colonial.
« Qu’on me comprenne bien : la guérison est nécessaire tant pour les Autochtones que pour les non-Autochtones. Les profonds malentendus et les stéréotypes racistes envers les premiers peuples de l’île de la Tortue ont non seulement privé les Autochtones de leur humanité, mais également privé les non-Autochtones, partout au Canada, d’une culture et d’enseignements d’une grande beauté. Ainsi, des générations entières de Canadiens n’ont pas pu profiter d’une relation sacrée qui allait transformer notre pays. »
Elle a souligné l’importance de former ces personnes qui occupent des postes de direction afin de mieux lutter contre le racisme systémique et de favoriser de meilleures politiques et décisions. Une éducation commençant dès le plus jeune âge et incluant des histoires et des perspectives autochtones véridiques est également essentielle.
Le racisme systémique est mortel parce qu’il entraîne l’apathie, l’indifférence et le désespoir dans la prestation des services. Il n’incite pas nos institutions à tirer des leçons, à s’adapter et à innover.
«Nous vivons dans un pays où les programmes éducatifs destinés aux enfants n’incluent pas de volet permanent ni satisfaisant sur le point de vue des Autochtones par rapport aux nombreux traités du Canada — des traités de paix et d’amitié, les traités nos 1 à 11, sur lesquels repose la Confédération canadienne, ainsi que les traités modernes. Des générations de Canadiens n’ont aucune idée de l’existence de ces contrats entre des nations souveraines, qui ont jeté les assises des obligations du Canada à l’égard des Premières Nations, et ce, en échange du partage des terres et des ressources. Par conséquent, la majorité des Canadiens ne comprennent pas que le Canada n’a pas respecté ses obligations fiduciaires ni assumé ses responsabilités telles qu’elles sont énoncées dans les traités », a-t-elle dit.
« Le racisme systémique crée un trou noir de connaissances, c’est-à-dire un vide où les malentendus, les préjugés et les mythes à propos des Autochtones sont plus facilement tolérés et propagés dans la société, au détriment de la vérité. Comme le dit l’adage, un mensonge fait la moitié du tour du monde avant que la vérité ait une chance de mettre son pantalon. Au minimum, nos programmes scolaires, de la maternelle à la fin du secondaire, doivent enseigner la vérité. »
Les sénateurs peuvent demander des débats d’urgence sur des questions d’intérêt public urgentes. Cliquez ici pour lire le débat intégral.